Interview L’Officiel St Barth
Votre nouvelle exposition s’appelle DEEP et porte sur les océans. Parlez nous de ce travail photographique ?
Depuis quelques temps je suis régulièrement à saint Barth ce qui m’a permis de faire de nouveau de la plongée sous marine, que je pratique souvent quand je suis en voyage, car j’aime beaucoup cela. L’espace temps que j’ai ici me permet de rester connecter avec la photographie comme expression personnelle artistique. La connexion avec la nature, les voyages, l’eau et l’expression de ce qu’il y a au plus profond de moi même font partie de mon processus créatif depuis toujours.
Ici, chaque plongée, les unes plus belles que les autres m’ont permis de créer. La rencontre d’un poisson lion, d’une tortue, de la faune et de la flore en général, des paysages de coraux ou désert de sable sous marins... Des instants suspendus dans l’eau, immortalisés, qui soudainement font apparaitre la série DEEP.
J’ai commencé à photographier lors de ma première plongée avec 4 appareils photo argentique jetable sous marins. Après développement et scans des premières pellicules de très belles images sont apparues, notamment celle du poisson lion. Je me suis dit que c’était l’occasion de monter ma 4ème expo. SUMMUM architecture qui expose aussi des artistes au sein de leur galerie, m’a proposé d’exposer. J’ai donc poursuivi mon travail photographique lors d’un second voyage.
Vous dites aimer les univers parallèles. Parlez nous du monde sous marin et ce monde.
L’exploration de monde parallèle est comme l’exploration vers les infinis, j’aime comment Blaise Pascal l’écrit ‘Que l'homme contemple donc la nature entière dans sa haute et pleine majesté, qu'il éloigne sa vue des objets bas qui l'environnent’. C’est comme dépasser le petit être que nous sommes pour aller vers la découverte de quelque chose de bien plus grand. Il y a ici une
dimension d’enrichissement intérieur mais aussi je pense en tant qu’artiste une dimension de partage nécessaire car sinon ce que nous sommes ou créons n’a pas de sens. L’exploration des fonds sous marins ou l’ascension d’un volcan nous permet de nous repositionner et reconsidérer notre être et notre place dans l’univers, dans l’infini. Il s’agit d’une approche métaphysique de la considération de l’être et de son environnement. L’eau nous permet de vivre. Comment prenons nous soins de cette élément vital aujourd’hui?
Comment avez vous réalisé ce travail 'Under Water'?
J’aime la simplicité et le brut, ces photos sont prises avec un appareil photo jetable waterproof argentique KODAK. La pellicule et le tirage font apparaitre beaucoup de grains, ce qui manifeste l’hypersensibilité de la pellicule qui même avec le peu de lumière reçue révèle d’autant plus la beauté des profondeurs. Aussi, l’avantage de ce process et de pouvoir pleinement profiter de l’instant, car il n’ y a pas retour de l’image capturée sur l’appareil. Jusqu’a ce que la pellicule soit développer et scanner on ne sait pas du tout à quoi s’attendre. Et quand on reçoit les scans c’est quitte ou double. Et il y a beaucoup d’images ratées mais il y en a aussi quelques unes qui se révèlent exceptionnelles. Le travail de post-production et editing fait aujourd’hui partie intégrante de mon métier. Il faut connaître la chaine entière de production d’une image pour pouvoir les faire vivre. La direction artistique, la photographie et la postproduction.
Vous travaillez bcp avec de la photographie nature morte, est-ce que vous avez eu la même démarche en travaillant avec l’eau ?
Je travail essentiellement en tant que photographe de mode à Paris et Berlin, avec des maisons tel que Chanel, Alexandra Golovanoff, Resea, Yves Salomon, Olympia le Tan, Dorothee Schumacher…
J’aime beaucoup la mode car elle m’a permis de très belles rencontres et l’aspect créatif infini de ce milieu qui s’inscrit dans un cadre qui change non stop et vite correspondent à mon processus créatif. Je photographie des vêtements portées sur mannequins mais aussi des natures mortes, j’aime beaucoup les 2 et valoriser autant la marque que le vêtement avec une identité photographique authentique.
Ma démarche au fond de l’eau est la même car ce qui m’intéresse est l’authenticité et je reste proche de la matière, de la beauté naturelle celle qui m’est offerte au moment où je la perçois et au moment où je décide de la photographier pour la partager.
Avant de devenir photographe vous avez fait du mannequinat. Qu'a apporté votre expérience de mannequin à votre travail de photographe ?
Je pense que ça m’a permis de m’intégrer au milieu de la mode en tant que photographe plus facilement avec une compréhension globale de la création d’images dans ce milieu.
Où trouvez vous l'inspiration ?
Rester connecter à soi.
L’inspiration est très lié à ma sensibilité et l’instant mais aussi ensuite le passage à l’action. Avoir une idée, la ressentir, essayer, voir si ça fonctionne, entamer le processus créatif, prendre des photos, regarder, éditer, reprendre des photos, être dans l’action et aboutir un projet. C’est ce qui m’inspire le plus.
Parfois je vois des images que j’ai eu l’idée de faire avant de les voir ensuite je me dis j’aurais du les faire quand j’avais eu l’idée. Une fois que c’est vu ailleurs cela ne m’intéresse plus.
La création est infini. Et c’est aussi là au fond de moi il suffit de l’entendre et passer à l’action, se donner les moyen d’aboutir un projet et le partager.
Vous exposez a St Barth chez Summum gallery qui est a la fois une galerie d’art contemporain et une agence d’architecture. Voyez vous un lien entre la photographie et l’architecture ?
Quand j’étais enfant je voulais être architecte mais aussi parler avec des images. Je suis entourée d’ami(e)s architectes. Je pense que c’est une histoire de perception de l’être ou des objets dans l’espace qui réuni ces deux arts. Je conçois aussi mes photos comme des habits pour l’espace.
Et j’aime, notamment cette approche, de Charlotte Perriand , pour qui il était indissociable de concevoir un espace qui a une âme sans y intégrer des oeuvres d’art de ses ami(e)s artistes.
Comment avez vous découvert l’ile de St Barth ?
J’ai découvert l’ile de saint Barth en suivant mon amour pour l’homme avec qui je suis aujourd’hui.
Quels sont vos projets futurs ?
Je souhaiterais poursuivre la série DEEP, continuer à photographier sous l’eau pour pouvoir organiser une 2ème exposition avec de nouvelles plongées et de nouvelles images à Paris et pourquoi pas ailleurs par la suite.